Premier port de commerce du royaume de France à la fin du XVIIe siècle, Saint-Malo fut la seule cité de l’ancienne Bretagne à conserver ses institutions publiques féodales et le privilège de se garder elle-même jusqu’à la Révolution. Saint-Malo fut historiquement un port militaire ; seulement secondaire car tenue à distance par la bourgeoisie négociante des Messieurs de Saint-Malo qui dominaient la Municipalité, soucieux de conserver leur liberté de s’enrichir librement à l’abri du pouvoir central, la Marine nationale n’eut pas dans la « Cité-Corsaire » d’arsenal de premier plan en face de l’Angleterre alors qu’elle disposait sur place, dés le XVIIe siècle, d’établissements assurant la construction et l’entretien de ses navires de rangs inférieurs. C’est ainsi que sur les 598 frégates militaires construites en France entre 1650 et 1850, 40 le furent dans les ports de Saint-Malo / Saint-Servan. L’arsenal de Saint-Malo, transféré à Saint-Servan en 1804, atteindra son apogée au lendemain des guerres napoléoniennes ; trop tard pour être utile à la France. Et, au terme d’un déclin entamé au milieu du XIXe siècle, quand la machine à vapeur commença à supplanter la voile dans la propulsion des marines de guerre en transition dans la course-poursuite entre la cuirasse allant du bois vers l’acier et de l’éperon passant du boulet plein à l’obus explosif, l’arsenal malouin sera déclassé en 1929. Mais Saint-Servan conserva l’École des Pilotes de la Flotte jusqu’en 1965, dont l’Amicale des Anciens Élèves entretient le prestige local de La Royale où les Pilotins faisaient tourner la tête des demoiselles romanesques.
