Le romanesque, ferment de l'imaginaire, n'est pas absent, mais cantonné au personnage de Ruth et sa vie aventureuse.
Plus proche de Zola que de Stevenson, ce roman réaliste, est historiquement exact et apporte une lumière neuve sur la piraterie, ses motivations, ses divisions, son organisation.
Ruth Wolff, pirate est un roman qui amène un éclairage nouveau sur l’histoire de la piraterie, en y replaçant la mer et l’homme à leur juste place, dans cette équation où l’exotisme et le divertissement ont souvent pris part sur toute recherche de vérité.
L'action se déroule au début du XVIII° siècle, à une époque où l’économie est basée sur l’esclavage et le transport maritime. Avec la paix récemment signée entre les nations, c’est un pan entier de la population qui se voit de nouveau lésé : les marins.
Des opportunités à saisir, mêlées à un profond sentiment d’injustice, rassemblent ainsi une communauté de renégats, d’esclaves en cavale, d’anciens corsaires et de pauvres hères arrachés à leur terre natale.
Ensemble, ils s’arrogent le droit de pouvoir eux aussi profiter des plaisirs que la vie accorde aux mieux lotis. Cette communauté hétéroclite n’opère ni pour le bien ni pour le mal. La mer devient leur seule terre d’asile. Ce sont des hommes, des femmes parfois, des marins. Mais aux yeux de la loi et du reste du monde, ils sont pirates. Ennemis de l’humanité.
A travers le prisme de Ruth, enfant des rues mal famées de Londres, le lecteur découvrira la rude mentalité de ces hommes, à l’image de leur quotidien difficile. Dans sa quête d’identité, Ruth apprendra à être une femme après avoir été un homme.
Loin des images romanesques, voire chevaleresques, que la littérature a de tout temps peint de la piraterie, ce roman essaie de décrire avec véracité l’histoire de ces hommes, de deviner ce que les archives ne racontent pas : leurs motivations et leurs caractères, avec l’ambivalence qui caractérise la nature humaine.