Dans son habit de toile et de caoutchouc, ceinturé et chaussé de plomb, le casque de cuivre vissé, Pierre Lossouarn descend dans les profondeurs les pieds en avant, comme un mort qu'on immerge une gueuse aux chevilles.
Relié au bateau par un réseau de tuyaux et de câbles qui sont ses veines et ses artères, vaisseaux fragiles où la vie circule, il devine à travers ses hublots des lueurs blafardes dans une angoissante pénombre. Ici tout est silence, tout est danger.
Dans les coursives disloquées d'un paquebot englouti, la flamme du chalumeau perce le voile liquide. Maniant sa lame de feu comme un scalpel, le scaphandrier découpe l'acier qui permettra d'arracher les lingots à la mer.
Pour Pierre, cet univers irréel, peuplé d'étranges fleurs et de poissons inconnus, est un royaume de liberté où il est le plus fort, celui qui reste le plus longtemps en plongée. Pourtant, ce colosse des profondeurs a le coeur déchiré entre deux femmes. La sienne, acariâtre et possessive, et l'autre, blonde et dorée qui le trouble et le fascine.
Extraordinaire aventure que celle-là, superbement contée par le maître su suspense Thomas Narcejac.
Dans les eaux froides où mort est tapie, le scaphandrier aux semelles de plomb marche vers son destin.